La Déclaration souligne le rôle essentiel de la science dans la résolution de crises interconnectées telles que le changement climatique, la montée des inégalités et l’évolution rapide des technologies de rupture.
Les scientifiques ont souligné l’importance d’interfaces science-politique fiables et inclusives, de normes éthiques solides et d’un accès équitable aux bénéfices du progrès scientifique.
En adoptant cette Déclaration, la communauté scientifique appelle les décideurs politiques, les organisations et la société à agir de manière décisive pour aligner la science et la politique afin de garantir un avenir durable et équitable pour tous.
Texte adopté le 23 novembre 2024, à Budapest
Portés par l'initiative et l'engagement des trois organisations fondatrices du Forum mondial de la science (WSF) – l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), le Conseil international des sciences (ISC) et l'Académie hongroise des sciences (MTA) – et en collaboration avec les organisations partenaires du WSF – l'Association américaine pour l'avancement de la science (AAAS), l'Académie mondiale des sciences (TWAS), l'InterAcademy Partnership (IAP) et le Conseil consultatif scientifique des académies européennes (EASAC) – nous, les participants au 11e Forum mondial de la science, qui se tient du 20 au 23 novembre 2024 à Budapest, adoptons la présente déclaration.
Notre monde connaît une transformation rapide et fait face à un avenir incertain. Les avancées scientifiques et technologiques extraordinaires sont en contradiction avec les progrès insuffisants réalisés pour relever les défis du changement climatique et de la plupart des Objectifs de développement durable, le nombre croissant de conflits armés, la montée des inégalités et l’émergence de technologies évolutives et disruptives. Nous devons d’urgence élargir la compréhension scientifique et promouvoir une réflexion et une prise de décision éclairées par la science, adaptatives et à long terme.
Des interfaces scientifiques et politiques efficaces, fiables et créatives sont toujours essentielles, mais jamais autant qu’en cette période de transformations mondiales.
La science, en tant que langage universel, est l’outil fondé sur des données probantes pour comprendre notre monde et son avenir. Elle doit guider la société, les décideurs politiques et l’économie en ce qui concerne les risques, les opportunités et les choix. Pour rester efficace, la science doit être ouverte, évoluer et s’associer à d’autres efforts humains, afin de soutenir le progrès durable sans compromettre les solutions fondées sur des données probantes. Nous devons défendre le droit à la science tout en reconnaissant et en traitant les limites de la science et son potentiel de nuisance lorsque les connaissances scientifiques sont utilisées à mauvais escient. Nous le notons en particulier en ce qui concerne les conflits armés. Nous reconnaissons le rôle évolutif de la diplomatie scientifique pour réunir la science et la politique afin de relever ces défis et de promouvoir la science au service de la paix.
Tout en reconnaissant les défis auxquels est confrontée l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes, nous notons les risques croissants posés par la désinformation et d’autres actions qui sapent la confiance vitale dans la science.
Nous constatons avec regret que la méfiance et le déni pur et simple de la science ont été intégrés à certains programmes politiques et sociaux. Nous devons faire face au danger que représentent ces phénomènes et nous efforcer de contrer les obstacles potentiels à notre capacité à relever les défis posés aux biens communs mondiaux. Nous affirmons l’universalité de la science tout en reconnaissant que son impact sera limité si les bénéfices de ses progrès et de ses applications ne sont pas partagés équitablement.
Nous soutenons la mise en œuvre de méthodologies intégrées, applicables à tous les pays, pour mesurer les transitions vers la durabilité telles que présentées au FSM2024. Nous encourageons la communauté scientifique internationale à contribuer à la consolidation de ces méthodologies pour aider à atteindre les Objectifs de développement durable et soutenir la transformation durable et le bien-être de nos sociétés.
Dans ce contexte, les dirigeants et les représentants des communautés scientifiques et politiques scientifiques mondiales se sont réunis à Budapest pour le 11e Forum mondial de la science du 20 au 23 novembre 2024. Le thème du Forum était L'interface science-politique à l'heure des transformations mondiales, une réponse au Pacte pour l’avenir de l’ONU de 2024 et à l’Agenda 2030 pour le développement durable.
Nous reconnaissons le rôle crucial de la science, de la technologie et de l’innovation dans la résolution des crises mondiales urgentes à travers l’interface de la science avec les décideurs politiques, afin de fournir des options de solutions aux défis locaux, communautaires, nationaux et régionaux ;
Nous notons que la science est trop souvent minimisée ou ignorée par les décideurs politiques, les chefs d’entreprise et la société civile lorsqu’ils envisagent l’avenir de nos sociétés et de la planète.
Nous avertissons des dangers posés par l’affaiblissement intentionnel de la confiance dans la science.
Nous notons que la science doit gagner la confiance grâce à l’intégrité et à une communication efficace et adaptée au contexte ;
Nous notons que la communauté scientifique mondiale doit s’engager pleinement en faveur de valeurs et de principes communs, notamment la liberté académique et scientifique, l’excellence scientifique, l’ouverture et la transparence, la réciprocité et la responsabilité, le respect de l’éthique et l’intégrité, ainsi que la garantie de la diversité, de l’équité, de l’inclusion et de l’accessibilité dans la production et la publication des connaissances ;
Nous notons que l’éducation scientifique est d’une importance cruciale pour donner du pouvoir et informer les sociétés ;
Nous notons que la science joue un rôle essentiel dans l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes dans tous les secteurs, grâce à des approches impliquant l’ensemble du gouvernement et de la société ;
Appel au renforcement des mécanismes de conseil scientifique à l’échelle de l’ensemble du gouvernement et au sein des agences, y compris ceux des ministères des Finances et des Affaires étrangères, qui dans de nombreux pays et dans certaines parties du système multilatéral sont sous-développés ou inexistants ;
Appeler les gouvernements des nations à tous les niveaux du développement pour garantir que la production et la traduction des connaissances soient soutenues en tant qu’éléments essentiels du développement et du bien-être nationaux. La liberté académique et scientifique doit être favorisée, respectée et soutenue, la science doit être maintenue aussi ouverte et inclusive que possible, et la science et les chercheurs scientifiques doivent être protégés [1] ;
Appel aux gouvernements et aux autres acteurs en temps de conflit pour protéger les scientifiques et les écosystèmes scientifiques ;
Appel au renforcement des systèmes éducatifs nationaux et leurs pratiques en matière d’enseignement des sciences, afin de promouvoir la compréhension du processus scientifique et la nécessité d’une pensée critique ;
Appel à la communauté scientifique de redoubler d’efforts pour assurer la production de connaissances fiables et de solutions pragmatiques, et d’éliminer les pratiques scientifiques néfastes tant dans la production que dans la communication des connaissances ;
Appel à toutes les parties prenantes favoriser la participation des chercheurs en début de carrière aux dialogues science-politique ;
Appel à la communauté scientifique assurer une meilleure communication du potentiel d'information de la science, mais aussi de ses limites, tant auprès de la société civile que des décideurs. Ces activités devraient être reconnues par la communauté scientifique comme un aspect essentiel de sa mission, tandis que le journalisme scientifique devrait être encouragé et protégé;
Appel à une plus grande intégration des efforts visant à utiliser et à protéger la science au sein du système multilatéral et par l’intermédiaire de ses composantes, en particulier dans le cadre de ses interactions avec la communauté scientifique mondiale par l’intermédiaire de ses structures formelles, notamment celles liées à la diplomatie scientifique ;
Appel à la communauté internationale de s’engager dans la Décennie internationale des sciences au service du développement durable et de promouvoir une science équitable pour tous ;
Appel aux gouvernements, aux organisations et aux entreprises soumettre les développements scientifiques et les technologies nouvelles et émergentes à des normes éthiques [2];
Nous nous félicitons de la poursuite du dialogue avec d’autres organisations internationales et parties prenantes, afin de répondre aux questions mises en évidence dans la présente Déclaration.
Lire la Déclaration sur le site Internet du Forum mondial de la science 2024
[1] Conformément aux recommandations de l'UNESCO relatives à la science : la Recommandation de 2021 sur la science ouverte et la Recommandation de 2017 sur la science et les chercheurs scientifiques
[2] conformément à la Recommandation de l’UNESCO de 2021 sur l’éthique de l’intelligence artificielle.
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