Lettre aux membres de l'ISC de Daya Reddy concernant la pandémie de COVID-19

14 Avril 2020

J'écris à un moment où notre monde est plongé dans une crise aux proportions presque inimaginables. La dure réalité de ce qui aurait pu sembler une situation surréaliste a bel et bien fait son chemin, mettant un terme à l'activité sociale et économique et aux modes de vie normaux, alors que nos dirigeants mettent en place des mesures pour endiguer la propagation du virus SARS-CoV-2 , et de minimiser les pertes qui sont une réalité tragique.

Si jamais il était vital d'écouter les scientifiques, c'est maintenant. L'Organisation mondiale de la santé montre la voie dans la lutte, à juste titre, tandis qu'un nombre croissant de scientifiques et d'organisations scientifiques travaillent avec acharnement pour développer un vaccin. Dans le même temps, les épidémiologistes et autres modélisateurs, un élément central des équipes de travail constituées par les gouvernements, fournissent des conseils sur les mesures concrètes, souvent désagréables, que les décideurs doivent mettre en œuvre.

Des niveaux maximaux de coopération sont essentiels à un résultat réussi. Au-delà de la collaboration, il devrait être tout à fait clair que notre succès dépend de manière cruciale de la capacité d'experts d'un vaste éventail de disciplines à s'engager dans des approches véritablement transdisciplinaires pour lutter contre la menace du virus SARS-CoV-2 : à cheval sur les frontières géographiques, le secteurs public et privé; et la planification, la recherche et la mise en œuvre de stratégies qui s'appuient non seulement sur les sciences biomédicales, mais aussi sur le vaste éventail de connaissances et d'expertise en sciences naturelles et sociales et en génie. L'impact sur le comportement social et les réponses posent des questions nouvelles et fondamentales qui doivent être abordées.

Le Conseil d'administration s'est réuni il y a quelques semaines pour se demander : que devrait faire l'ISC, en tant qu'organisation scientifique mondiale, face à cette crise sanitaire, économique et sociale ? De quelles manières l'ISC peut-il ajouter le plus de valeur au travail de ceux qui sont en première ligne ? En répondant à cette question, nous sommes revenus à notre vision de la science comme bien public mondial – où les connaissances scientifiques, les données et l'expertise sont universellement accessibles et les avantages universellement partagés. Premièrement, dans ce contexte, nous affirmons notre ferme soutien à l'Organisation mondiale de la santé et notre volonté de répondre à tous ses besoins auxquels nous pourrions être en mesure de répondre. Nous demandons instamment que son rôle de chef de file soit reconnu au niveau mondial.

Une autre réponse de l'ISC a été d'établir un portail scientifique mondial COVID-19 en ligne (www.conseil.science/covid19) hébergé sur le site Web de l'ISC. Le portail partage des commentaires et des analyses scientifiques et donne accès à des informations sur diverses initiatives, soulignant l'ampleur et la portée de la réponse, et encourageant les membres et partenaires de l'ISC à collaborer et à partager les meilleures pratiques pendant cette urgence mondiale. Le portail porte en lui le puissant message de l'importance de la collaboration entre les organisations, les disciplines et les frontières géographiques et culturelles. Je demande aux membres de continuer à alimenter ce portail avec leurs initiatives, réflexions et débats en utilisant le formulaire en ligne.

En tant que communauté mondiale, nous nous efforçons à juste titre de relever les défis immédiats posés par la pandémie. Mais l'ISC est en mesure d'aller plus loin. Nous n'avons aucune idée du genre de monde dans lequel nous retournerons, une fois cette menace surmontée. Beaucoup de choses auront changé, certaines de manière irréversible. Nous aurons beaucoup appris sur comment mieux aborder les grands défis, comment travailler ensemble. L'ISC est bien placé pour contribuer à l'ensemble des défis qui vont au-delà de l'immédiat. À cet égard, l'équipe ISC COVID s'engage activement et en partenariat avec d'autres.

Nous veillerons à ce que nos membres et partenaires soient tenus au courant de ces initiatives au fur et à mesure qu'elles prennent forme. De même, nous comptons sur vous, nos membres, pour travailler avec l'ISC à (re)façonner l'agenda scientifique.

Je n'ai aucun doute que grâce à nos efforts collectifs, ainsi qu'aux nombreuses expressions et actions de solidarité, d'entraide et de bienveillance, au sein et au-delà de la communauté scientifique, nous sortirons mieux à même de relever les nombreux défis mondiaux qui continueront de se poser façonner notre monde et notre travail en tant que scientifiques.

Je vous souhaite bonne chance en ces temps difficiles.

Daya Reddy,

Président, Conseil international des sciences