L'édition de la 2024 Forum mondial sur le développement de la science et de la technologie a été lancé à Pékin, en Chine, en présence de nombreux membres de l'ISC et de représentants d'organismes affiliés à l'ISC, ainsi que de partenaires de l'ISC tels que la Fédération mondiale des organisations d'ingénieurs. Salvatore Aricò a délivré un message important à la communauté scientifique internationale lors de l'ouverture de l'événement. Lisez son discours dans son intégralité :
Votre Excellence Monsieur le Président WAN Gang,
Vice-président et secrétaire général en chef S.E. Junke,
Vice-président SHI Yigong,
Invités distingués,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un honneur et un plaisir de m'adresser à ce Forum mondial sur le développement scientifique et technologique 2024, organisé par l'Association chinoise pour la science et la technologie (CAST). Je m'adresse à cet auditoire distingué en ma qualité de PDG du Conseil international des sciences, probablement la plus grande organisation scientifique internationale non gouvernementale, fédérant plus de 250 membres dans plus de 140 pays, et composée d'académies nationales, tant dans les domaines des sciences naturelles que sociales, d'unions disciplinaires internationales, de conseils nationaux de recherche et d'associations d'organisations scientifiques aux niveaux national et régional. L'histoire du Conseil international des sciences remonte à 1931 avec la création du Conseil international des unions scientifiques et à 1952 avec la création du Conseil international des sciences sociales. Nous sommes fiers d'avoir à la fois le CAST et l'Académie chinoise des sciences sociales comme membres du Conseil. Une fois de plus, c'est une occasion unique pour moi de m'adresser au forum d'aujourd'hui et de partager quelques mots sur l'avenir de la science et la collaboration entre le Conseil et les instances scientifiques chinoises.
Aujourd’hui, les résultats de la recherche scientifique, les observations, les analyses des données qui en découlent, les modèles, les projections et les prévisions, la prospective et l’anticipation – tous ces efforts portés par la science et la technologie ne peuvent pas rester dans une tour d’ivoire, dans une bulle scientifique si vous voulez. Le monde dans lequel nous vivons, caractérisé par de multiples crises et une polarisation accrue, est aussi un monde où les sciences et les technologies, les connaissances étayées recueillies de manière systématique et itérative, et les applications qui y sont liées, peuvent également et doivent contribuer à des solutions.
Il ne s’agit pas d’une tâche facile, car elle implique que les connaissances générées par la science soient exploitables. Cela nécessite que les scientifiques collaborent avec d’autres parties prenantes et prennent en compte les intérêts, les aspirations, les attentes, les valeurs et les systèmes de connaissances de ces parties prenantes. Les questions scientifiques formulées dans le cadre d’une co-conception par des scientifiques et d’autres segments de la société, y compris les décideurs politiques, ont démontré qu’elles conduisaient à des connaissances contribuant à des solutions, entre autres, au changement climatique, aux inégalités, à une plus grande cohésion sociale et à une meilleure qualité de vie. Le Conseil international des sciences a une approche systémique de la science. Le partenariat avec le CAST a été particulièrement productif dans la mesure où il a permis d’aligner les points de vue sur le rôle de la science dans la société.
La science doit être responsable du point de vue de l’intégrité scientifique, mais aussi de l’engagement envers la société. D’un autre côté, la science a besoin d’un environnement propice pour fonctionner et prospérer : lorsqu’on s’engage dans des efforts scientifiques, il n’y a aucun moyen d’anticiper où ces efforts mèneront.
L’histoire a démontré que des découvertes apparemment déconnectées des problèmes réels ont généré de nouvelles connaissances qui, avec le temps, sont entrées et ont alimenté le pipeline d’innovation de manière à identifier entre autres sources d'énergie alternatives, réponses à la pollution, amélioration de la qualité de l'eau et de l'assainissement, meilleure organisation sociale, meilleur accès aux solutions de santé, etc. La science doit donc être libre et indépendante pour prospérer tout en participant aux solutions aux problèmes de la société.
Ces efforts sur la « science » in et pour « La société » implique également la nécessité de former la prochaine génération de scientifiques – des scientifiques capables de comprendre des problèmes complexes grâce à des méthodes interdisciplinaires et transdisciplinaires ; des scientifiques capables de fournir des conseils aux décideurs politiques d’une manière significative, opportune et non prescriptive.
À cet égard, je suis fier d’annoncer, au nom du Conseil international des sciences, un récent partenariat avec l’Association chinoise pour la science et la technologie en ce qui concerne les scientifiques en début et en milieu de carrière. Ce partenariat permettra de soutenir par des efforts dévoués les scientifiques en début et en milieu de carrière des membres du Conseil international des sciences, en mettant l’accent sur les scientifiques des pays en développement.
Les discussions entre le Conseil scientifique international et la communauté scientifique chinoise témoignent également d'une compréhension mutuelle de la nécessité, si je puis utiliser cette expression, de « renverser le modèle scientifique » et veiller à ce que les questions scientifiques soient formulées dans le contexte des Objectifs de développement durable et de la notion de durabilité – dès le début. Cela permettra à la science et à la technologie de créer une synergie avec les efforts de développement, ce qui est, selon moi, la vocation de ce forum, précisément pour lier les considérations scientifiques et technologiques au développement durable.
Comme je l’ai dit au début de mon discours, c’est pour moi un réel plaisir de voir les participants à ce forum en action et de constater comment les connaissances pratiques peuvent contribuer aux divers efforts mondiaux dans lesquels la communauté scientifique et technologique chinoise est engagée. En ce moment même, le comité scientifique de l’initiative de recherche intégrée sur la réduction des risques de catastrophe se réunit. Cette initiative est coparrainée par le Conseil scientifique international et le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe et est soutenue par le CAST. Elle représente un domaine particulièrement crucial pour la science en action.
Je me réjouis de contribuer et de bénéficier des résultats du Forum, qui porteront sur des considérations liées aux technologies émergentes, aux collaborations scientifiques internationales, aux opportunités de développement des capacités des scientifiques et à la contribution de la science aux dialogues pacifiques entre les pays.
Thank you.
Inverser le modèle scientifique
Conseil scientifique international, 2023. Renverser le modèle scientifique : feuille de route des missions scientifiques pour la durabilité, Paris, France, Conseil scientifique international. DOI : 10.24948/2023.08.